Les Dessous menteurs

Dans ce dispositif immersif le visiteur peut essayer des sous-vêtements de diverses époques, présentés dans l'exposition temporaire "Les Dessous de l'Isère". Ils se confrontent à l'évolution du corps de la femme et à celle de son image, modelés tous deux par les dessous féminins.

Scenario

Au cœur de l’exposition temporaire “Les Dessous de l’Isère”, le visiteur traverse un couloir bordé de deux fenêtres ouvertes sur la salle suivante et d’une troisième fenêtre offrant un spectacle inédit. A travers cette troisième fenêtre, le visiteur peut observer à loisir ceux qui l’ont précédé dans l’exposition en train d'”essayer” des pièces de lingerie, celles là-même qu’il aura croisé dans les salles de l’exposition.

Entrant dans la salle suivante, le visiteur découvre  de grands voilages couleur crème, bordés de dentelle rappelant des motifs de lingerie, qui tombent du plafond et qui forment une cabine d’essayage. Il entre dans la cabine, se place au milieu d’un cercle indiqué au sol déclenchant une augmentation de l’intensité lumineuse. Face à un miroir sans tain, il se sait observer ou peut-être l’oublie-t-il en vivant l’expérience de l’essayage qui lui est proposé.

Une tablette tactile, présentant un “catalogue” de sous-vêtements classés par époque (4 époques, des codes du trousseau fin 19ème siècle au Wonderbra fin 20ème siècle, en passant par les silhouettes garçonnes de l’entre-deux-guerres et les pin’up des 50’s) se trouve sur sa droite. Il sélectionne le sous-vêtements qu’il souhaite “essayer”, 3 ou 4 par période – corset, cache-corset, fond de robe, soutien-gorge en obus, cœur croisé…) : l’image du sous-vêtement est projetée dans son dos, donnant au visiteur qui se regarde dans le miroir l’impression qu’il est habillé. Le sous-vêtement peut être ajusté sur la tablette à sa morphologie. Le visiteur juge de l’attrait de ces sous-vêtements anciens ou très récents sur lui-même, tandis que la projection et l’éclairage dessinent son corps en ombre chinoise sur le voilage de la cabine pour les visiteurs à l’extérieur.

Le dispositif des Dessous menteurs propose aux visiteurs l’expérience ludique, liée au contexte de la cabine d’essayage, d’appropriation physique des dessous de l’Isère.

Prototype présenté au public à partir du dimanche 10 novembre

Intentions & Processes

À l’origine, l’idée était de travailler sur la représentation de la femme au fil du temps, à travers l’évolution de la lingerie. Le corps est au centre de ce projet : de tout temps, la femme le modifie, le sculpte pour s’adapter à son quotidien et correspondre à une image parfois différente de la réalité de ses propres formes. Le but du dispositif est de faire en sorte que le visiteur questionne sa propre vision de la femme, et particulièrement de la femme en sous-vêtements.

Nous souhaitions d’abord proposer une application pour support tactile permettant à l’utilisateur de créer un avatar numérique à habiller avec les dessous qu’il souhaitait. Les dessous de diverses époques pouvaient être mélangés, et une fois l’avatar validé, des informations scientifiques étaient proposées (la marque, le contexte historique, des images publicitaires, de la musique “coquine” de l’époque).

img réunion pleinière
Présentation du projet en plénière

Dans la seconde proposition finalement développée, nous avons voulu augmenter l’implication du visiteur : l’idée d’un photomaton a été évoquée (le visiteur créé sa silhouette avec les sous-vêtements voulus, une photo de lui style “photomaton” est prise et associée à la silhouette, il peut repartir avec sa carte souvenir), puis celle d’une “cabine d’essayage”, finalement choisie, qui lui permet d’essayer lui-même les dessous. Le corps réel du visiteur se retrouve situé dans un espace et un contexte précis, celui de la cabine d’essayage, et est modelé par l’image projetée. De plus le visiteur n’est pas seul face au dispositif : son image est perçue par les autres visiteurs à travers la glace sans tain ou via la silhouette qui se dessine en ombre chinoise sur le voilage de la cabine, il est tour à tour voyeur et “corps vu” . L’utilisateur accepte donc de fait en participant au dispositif de se confronter à l’image de soi avec le miroir, mais aussi de se montrer aux autres.

dessin prototype dessous
Croquis du prototype par Emdé

Au fil des discussions, notamment avec les metteurs en scène David Gauchard et Jacques Vincey et la médiatrice du Musée dauphinois Patricia, présents pendant tout le week-end Muséomix (MERCIIIII à eux, ainsi qu’à l’équipe des collections du musée présente jusqu’à pas d’heure !), et lors de la présentation du dispositif au public, le jeu a été mis en avant : le visiteur est un “client”, il est invité à entrer dans une “cabine d’essayage”, à essayer une pièce, peut prendre les conseils de ses amis, observe si la pièce choisir lui “va”. Nous avons ainsi ajouté au dispositif la lumière accrue quand le visiteur entre dans la cabine.

Hardware

La cabine d’essayage :

– trois rideaux épais beiges mis à disposition par le Musée daupphinois. Ce tissu a été découpé au laser au FabLab, selon des motifs dessinés par le graphiste de l’équipe ;

– un projecteur lumière, mis à disposition par le Tech-shop et deux spots mis à disposition par le Musée dauphinois ;

– un variateur d’intensité lumineuse, mis à disposition par le Tech-shop ;

– une tablette tactile, mise à disposition par le Tech-shop ;

– un ordinateur, mis a disposition par le Tech-shop ;

– des tas de cables pour relier tout ça, mis à disposition par le Tech-shop ;

– du film type “miroir sans tain”, acheté exprès pour nous par Muséomix ;

– un vidéo-projecteur, mis à disposition par le Tech-chop ;

Le contenu et les images :

– les images projetées ont été recherchées via les données sur la collection présentes dans l’open-data, directement au milieu des collections présentées dans l’exposition temporaire ainsi que sur le catalogue de l’exposition. Elles ont été récupérées en prenant des photos dans l’exposition (matériel personnel et prêté par le musée), via le pôle ressources et les dossiers images du commissaire de l’exposition “Les Dessous de l’Isère” ;

– les textes : issus de discussions avec le commissaire de l’exposition, des textes de l’exposition, de son catalogue.

Les langages de code tablette :

– HTML5

– CSS3

– JavaScript

– JQuery

Les langages de code ordinateur :

– Python

– Pygame

Fiche technique :

Pour mettre en fonction la tablette :

–  Allumer la tablette en appuyant sur le bouton situé tout en bas sur le côté gauche de la tablette.

–  Cliquer une fois avec le doigt sur l’icône « Chrome » située au milieu de l’écran.

Si le catalogue ne s’affiche pas tout seul :

–  Cliquer dans la barre d’adresse url tout en haut de l’écran et écrire « 192.168.1.135 ».

Pour mettre en fonction l’ordinateur et le vidéoprojecteur :

–  Allumer la multiprise située à gauche du caisson technique.

–  Allumer le projecteur en passant la main sous le tissu noir pour appuyer sur le bouton rond.

–  Attendre que le logiciel nommé « Chromium » soit ouvert.

–  Dans la barre des fenêtres en haut de l’écran, cliquer sur le troisième programme en partant de la gauche. L’écran est presque entièrement noir.

–  Écrire « start » puis entrer le mot de passe « museomix2013 ».

Experience

Notre objectif lors des médiations avec le public a été de le convaincre de participer à une mise en scène, celle d’un essayage à la fois intime (enceinte personnelle de la cabine fermée) et “social” puisque partagé avec d’autres visiteurs. Les rideaux de coton décorés et le portant présentant des  fausses pièces de lingerie (objets pédagogiques) prêtées par le service pédagogique ont fait leur effet dans ce sens. Nous avons observé des visiteurs jouant de l’image qu’ils renvoyaient de l’autre côté du miroir (prendre la pose, demander un avis par des gestes), des visiteurs n’y prêtant pas attention et se concentrant sur le choix des modèles, et même un visiteur pensant qu’on lui proposait de se prêter à une véritable séance d’essayage au cœur de l’exposition ! (Il a été difficile de convaincre cette dernière de rentrer dans la cabine !) Le principe de la cabine était rapidement compris : entrer, éventuellement poser sac et vêtement, prendre une posture d’essayage, être satisfait (ou pas !) et ressortir de la cabine. La mise en scène et la création d’un contexte (re)connu ont donc constitué une bonne piste pour l’appropriation de ce dispositif par le visiteur.

La prégnance de cette mise en scène dans l’expérience utilisateur a cela dit probablement empêché une appropriation du contenu scientifique tel qu’il était alors proposé : l’interface “catalogue” de la tablette aurait ainsi gagnée à être modifiée, simplifiée. Les noms des modèles, “minimum syndical” à retenir pour l’appropriation des dessous n’étaient pas tout le temps lu par les visiteurs, et les “cartels” (informations minimales associées à chaque objet) étaient oubliés. Le nom seul aurait pu apparaître, de manière plus visible. Le visiteur avait-il conscience du changement d’époques selon les modèles ? L’expérience du “catalogue” et du “feuilletage” mériterait d’être développée en ce sens. Enfin, nous avons regretté l’absence des “bas” (de la culotte fendue au panty) et la difficulté de l’adaptation des modèles une pièce aux silhouettes (fond de robe et baby-doll pas si faciles à porter ?!) : notre but initial aurait été de pouvoir essayer hauts et bas ensemble, face à cette impossibilité nous nous sommes concentrés sur les hauts uniquement, mais l’application créée sur la tablette pourrait intégrer les bas.

Les “sages” spécialistes en interaction numérique ont souligné la question de l’adéquation de la taille du sous-vêtement proposé sur la tablette à la silhouette du visiteur. La taille et les formes du visiteur pourraient être reconnues quand il se positionne dans la cabine, grâce à des mesures prises sur modèles réels, et permettre le choix entre différentes tailles ou même directement d’un “modèle” à la taille correspondante afin de faciliter l’usage de la tablette d’une part, l’expérience “catalogue” d’autre part.

Team

Isabelle Radtke, mission : Fabrication (isabelle.radtke@gmail.com – 06 71 34 90 24)

Arthur Maserati, mission : Graphisme (arthurmaserati@hotmail.com – 06 82 79 72 44)

Géraldine Teyssier, mission : Médiation et usages (teyssier.geraldine@gmail.com – 06 77 84 74 01)

Charline Bruno, mission : Contenus (charline.bruno@hotmail.fr – 06 34 69 00 33)

Florent Espanet, mission : Codeur (florent.esp@gmail.com)

Stéphane Poisson, mission : Musée (cosmofish@free.fr)

Mélanie Lioux, mission : Facilitateur

dessin équipe 8
Croquis de l’équipe 8 par Emdé